Petit Poisson

Petit
Poisson

Un éclat de l'orage renforce davantage la motivation des nuages gris, remplis d'ivresse de précipite, de barricader le soleil déjà aux abois.

Les rangs bien garnis, sous le deuxième coup de tonnerre que l'assaut est donné. Fulgurantes et folles, la précipitation est telle, que l'imagination cherche ses mots. ça tombe comme des cordes, cette armée pleurant de joie de conquérir et d'envahir.

D'une violente rapidité et d'une adresse rare, les gouttes veulent faire subir leur coup de fouet à tous. Les gros ruisseaux se forment d'un claquement de tonnerre, comme le sang jaillissant d'une artère déchiquetée.

Les quantités s'engouffrent dans l'étang, et d'une guigne fait gicler dehors le tout petit poisson rouge. Il se roule sur le sol glissante et se coincé dans la boue, tout près d'eau mais pas dedans.

Tous cherchent se mettre à l'abri, même les grenouilles.

Une toute verte et vaseuse passe devant les yeux affolés de petit poisson qui la supplie du regard, mais elle continue sa route en proclamant : vous mangez nos enfants, vous en moins, nous serons plus.

Larmes aux yeux, le petit poisson murmure :

Je n'ai que deux semaines, je n'ai jamais mangé d'enfants, je suis un enfant.

Mais la réponse n'a su atteindre l'oreille de la grenouille qui s'éloigne.

La précipitation s'accélère et le son de la musique effrayante d'une armée en marche sur la vie des innocents réveillés par l'éclat de la trompette de l'Apocalypse, s'impose de force.


Le dernier souffle de vie allait quitter le poisson que d'un coup de patte d'une autre grenouille, verte et vaseuse, il se retrouve dans l'eau. Le petit poisson reprend vie, sort la tête et voit la grenouille tracer son chemin en marmottant :

    Seul un mauvais pense que tout est mauvais dans un tout.

La Rose

Je voyais là rose et mon cœur se plaignait. Je l'interroge et me répond : pourquoi la rose, si belle et parfumée, connue de tous, symbole de l'amour et la reine des fleurs, meurt si vite ! Le matin, avant que le soleil inonde le jardin, curieux, j'ai soumis la question à la rose. Elle réplique avec douceur et sa délicatesse innée ; As-tu connu le pin de Mathusalem ? Il t'imagine éphémère ! Et la terre, tu la connais bien, elle a la même illusion pour ce pin. La longévité n'est que la répétions du présent. Penses-tu que la vie se réduit à ça ?... Vivre la vie dans sa largeur est pur bonheur et dans sa longueur n'est que l'inquiétude. Le dernier jour, on dit tous, sans doute : c'était à peine hier.

La rose
Notre rencontre sans toi

Notre rencontre
sans toi

Je me dis que cette terre ronde a fait que toi et moi, nous nous sommes tellement éloignés que voilà, nous nous sommes retrouvés à nouveau. Je te voyais là, en face, tellement belle, tellement femme. A peine si j'osais respirer fort, je pensais que je rêvais et ça pourrait me réveiller. Il pleuvait ce soir-là, fort, tout le monde courait se mettre à l'abri, et seulement toi et moi, nous étions là, face à face. Les mots débordaient dans ma tête et ma langue me suppliait pour me plaindre de ton absence mais ce sentiment d'abstention et le silence me donner une joie incontrôlable. Mon regard te dévorait, suivait tes moindres gestes, assoiffé de toi, malgré les gouttes de pluie qui s'accumulent sur mes paupières. Il y avait peu de distance entre nous, je pouvais m'approcher et te prendre la main, mais je n'ai pas osé. Pour un instant, mon cœur s'arrête, lorsqu'il s'est approché de toi, cet homme, beau et grand. Il a pris ta main et tu lui a souri. Dommage que ce n'était pas moi, hélas que je n'ai pas su te dire à temps ce que ressentais. Mais, heureusement que je t'ai vu, et heureusement que toi, tu ne m'as pas vu.